Dix ans d’inscription à l’UNESCO

Neuchâtel • Le Locle et La Chaux-de-Fonds ont fêté l’anniversaire de cette reconnaissance culturelle internationale.

L’inscription d’un site au Patrimoine mondial: un important outil de valorisation du territoire. (DR)

Le 27 juin 2009, les Villes du Locle et de La Chaux-de-Fonds ont vu leur centre-ville historique («urbanisme horloger») inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette labellisation fut l’occasion de chaleureuses festivités quasi spontanées – sur la place du «1er Août» de la Mère commune et celle d’«Espace Cité» de la Métropole horlogère.  L’urbanisme des deux Villes ouvrières des Montagnes neuchâteloises est un témoignage exceptionnel «d’ensembles urbains organiques entièrement dédiés à une mono-industrie» (1): l’horlogerie.

Le philosophe allemand, Karl Marx, écrivait d’ailleurs qu’à l’instar du Locle «La Chaux-deFonds peut être considérée comme formant une seule manufacture horlogère»(2). Les deux villes se sont constituées comme un tout rationnel, avec leur plan en damier égalitaire et utopique où s’entremêlent lieux de fabrication et lieux de vie.

Patrimoine bâti aux trésors inestimables (ferronnerie, pierre de taille, modénature, …), structuré en barres étroites captant de manière optimale la lumière, si nécessaire au travail des horlogers, les maisons, où se côtoient logements et ateliers, bénéficient souvent de jardins au sud, selon les principes du «Sonnenbau».

La préservation de cet héritage d’exception ne constitue cependant pas une «mise sous cloche», mais un accompagnement de son développement, qui incombe, non plus seulement à l’autorité territoriale, mais bien à l’ensemble de la communauté humaine.

Dix ans plus tard, les deux Villes des Montagnes ont commémoré, comme il se devait, cet anniversaire, par le biais de nombreuses manifestations à la fois populaires, généreuses et conviviales. Théâtre, musique, photographie, arts de rues sous différentes formes, expositions et découvertes du patrimoine sont venus ponctuer l’année 2019. Vouées à se renouveler, ces manifestations permettront de favoriser l’appropriation et la prise de conscience de la valeur universelle de leur patrimoine, mais aussi de renforcer le rayonnement et le positionnement des deux cités ouvrières.

Disparités du nombre de sites inscrits

L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a parmi ses objectifs entre autres la préservation du patrimoine historique de l’humanité (3) et sa promotion notamment auprès des nouvelles générations. L’inscription d’un site au Patrimoine mondial constitue par ailleurs un outil de valorisation territoriale important. Il est à noter que les Etats ne sont pas égaux face à ces labellisations. Ainsi, 48% des 1121 sites inscrits se trouvent sur le continent européen (4). Cette distorsion semble surprenante, lorsque l’on sait que la population européenne représente moins de 10% de la population mondiale (5). Les raisons sont multiples: constituée en 1945 au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’UNESCO est sujette à un eurocentrisme originel, résultant des massacres et destructions qui dévastèrent le continent européen.

De plus, la constitution des dossiers de candidatures nécessite des moyens humains et financiers importants, rendant par là même difficile l’inscription de certains sites potentiels…. Un rééquilibrage est par conséquent nécessaire.

 

1. Comité du patrimoine mondial du 27 juin 2009, tiré à part de «La Chaux-deFonds / Le Locle: Urbanisme horloger inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO, juin 2010», p. 4.

2. Karl Marx, Le Capital, 1867, Livre IV, chapitre 12.

3. En 1972, une Convention pour la protection du patrimoine mondial culturel et naturel, renforçant ce processus, est signée.

4. https://whc.unesco.org/fr/list/: L’Unesco compte à l’heure actuelle 1121 sites inscrits, dont 869 culturels, 213 naturels et 39 mixtes.

5. Source: 9.8%. Il est à noter que la superficie de l’Europe représente environ 7% de la superficie totale des terres émergées (Antarctique comprise).