La RDC oubliée

Il faut le dire • Depuis deux semaines dans le Nord-Est de la République Démocratique du Congo au sein d’un projet de MSF, nous cherchons à consolider un service de pédiatrie régional.

Depuis deux semaines dans le Nord-Est de la République Démocratique du Congo au sein d’un projet de MSF, nous cherchons à consolider un service de pédiatrie régional. Nous gérons quelque 50 lits, avec des promoteurs de santé dispersés dans plusieurs camps de déplacés internes et des centres de santé. La situation sanitaire est difficile, une épidémie de rougeole se termine avec son lot d’enfants dénutris.

La situation sécuritaire est encore fragile avec des bandes armées qui terrorisent les paysans sur fond de lutte instrumentalisée entre deux ethnies, une armée régulière et une police qui n’arrivent pas à assurer la protection de la population. Il y a plus de 300’000 déplacés internes regroupés dans des camps, loin de leurs champs, donc sans ressources.

Le système sanitaire est déficient: même les programmes de base comme les vaccinations ou le contrôle prénatal sont aléatoires et payants. L’école publique est aussi payante. On ne parle pas de l’élimination inexistante des déchets même dans le chef-lieu de plus de 350’000 habitants, brûlés sur place. Et encore moins d’un système d’égouts. Même les constructions de latrines ou l’accès à l’eau sont du ressort des familles. Il n’y a pas de routes goudronnées dans toute la province (qui fait une fois et demie la surface de la Suisse) et les axes routiers de terre se transforment en bourbier à la moindre pluie. C’est dire la faiblesse de l’Etat congolais, au moins dans cette province.

C’est donc le chacun pour soi qui prévaut, avec bien sûr des solidarités familiales ou villageoises fonctionnant plus ou moins bien, mais qui restent précaires. On voit le long des rivières de nombreux orpailleurs. Ils cherchent à assurer leur survie, mais ne font la fortune que des commerçants d’or souvent basés en Ouganda. C’est dire si l’Etat congolais ne contrôle pas du tout ce commerce.
Ce qui est sûr c’est que le peuple vit dans une insécurité totale, sans pouvoir se projeter dans un avenir meilleur.

Tout cela se déroule dans l’indifférence de la communauté internationale. Celleci se préoccupe de l’épidémie d’Ebola loin d’être enrayée malgré les 600 millions de dollars engloutis. Et elle peine à répondre de manière adéquate à la pire épidémie de rougeole sévissant en RDC depuis neuf mois et a fait au moins trois fois plus de morts que l’Ebola.
Il y a des jours où il est plus difficile de voir qu’un autre monde est possible.