Be Hôme, tandems d’ici et d’ailleurs

Neuchâtel • L’association «Be Hôme» organise depuis 2018 des binômes entre suisses et migrants dans le canton. Un moyen de favoriser l’échange et l’intégration au travers de rencontres privilégiées.

Des échanges sans frontières qui aident à l’intégration et à la compréhension. (Be Hôme)

Dans notre pays, la communication entre personnes établies en Suisse et personnes migrantes se heurte à de nombreuses barrières culturelles, linguistiques et politiques. En résulte des échanges souvent restreints voire inexistants, et une appréhension face à l’inconnu que représente l’autre.

Dans ce contexte, l’association Be Hôme propose une solution par le biais de tandems entre «binômes d’ici» et «binômes d’ailleurs»: «Nous avons actuellement 70 binômes actifs dans le canton», explique Calliope Immer, membre du comité de l’association. «Nous leur donnons un cadre de départ et sommes des «personnes ressources» en cas de questions ou de problèmes. Nous mettons également à disposition quelques activités, mais le but est qu’ils s’autonomisent dans leurs rencontres, et de leur laisser le plus de liberté possible».

Simples discussions dans un café, repas chez l’un ou chez l’autre, visites de lieux culturels, les binômes apprennent à se connaître par des activités régulières selon leurs disponibilités. Pour Marine Masgonty, également membre du comité de Be Hôme, «il y a plein de relations différentes, certains sont très proches et s’écrivent presque tous les jours. Avec mon binôme, on s’écrit peu […], mais à chaque fois que l’on se voit on passe un très bon moment».

Le comité est également présent pour gérer les éventuels problèmes: «Nous suivons les binômes pour vérifier que tout se passe bien, car il arrive qu’une personne n’ose pas dire qu’elle est mal à l’aise ou que quelque chose ne lui convient pas. Dans cette situation, il peut facilement y avoir des incompréhensions, nous les encourageons donc à en parler avec l’autre et restons présents si nécessaire», précise Calliope Immer.

C’est en effet par ce biais que les attentes et les motivations de chacun peuvent y trouver leur compte. Pour Muslim, ressortissant kurde d’Irak et premier inscrit à Be Hôme, l’apprentissage de la langue et le lien avec la culture suisse sont particulièrement importants: «Avant même de partir de mon pays, je savais que je voulais venir à Neuchâtel. Un ami m’en avait parlé et m’avait dit que les gens étaient sympathiques, je me suis renseigné et j’ai décidé de venir ici. Pendant tout mon voyage, je n’ai jamais changé d’idée […]. A mon arrivée, j’ai connu Be Hôme par une amie suisse. Y participer m’aide beaucoup à améliorer mon français et à mieux connaître la culture».

Pour Camille Lia, son binôme, chaque rencontre avec Muslim amène à un échange enrichissant. Cette démarche lui permet également d’aider à l’intégration de personnes migrantes, thématique qui la touche de près: «Mes grands-parents sont arrivés clandestinement de Hongrie alors que ma mère n’avait que quelques mois. Ils ne parlaient pas un mot de français, l’intégration a été très difficile et ma mère n’a pas eu de papiers d’identité jusqu’à ses 20 ans. J’avais vraiment envie de pouvoir aider ces personnes».

A ce sujet, Calliope Immer ajoute qu’«il y a beaucoup de frontières à l’intégration de la part de la Suisse. Il peut aussi y en avoir dans les communautés étrangères, où certains pensent que côtoyer des Suisses implique de délaisser sa communauté. Les associations comme L’AMAR (Lieu Autogéré Multiculturel d’Accueil et de Rencontres) ou Be Hôme permettent de donner un espace à la rencontre et au dialogue, et prouvent que l’on peut dépasser la peur de l’autre. Certains de nos binômes organisent maintenant eux-mêmes des évènements pour l’association, nous en sommes très heureux!».

Les inscriptions étant nombreuses du côté des binômes d’ailleurs, Be Hôme est actuellement en recherche de binômes d’ici.

Si cette démarche vous intéresse, les renseignements sont disponibles sur https://be-home.ch