Au premier tour, la socialiste Rosalie Beuret Siess, soutenue par CS-POP et les Verts, avait 820 voix d’avance sur Anne SeydouxChriste (PDC). Romain Schaer (UDC) avait obtenu près de 4700 voix. Vu qu’il n’avait aucune chance de gagner, on pouvait penser qu’une partie non négligeable de son électorat se rallierait au «vote utile» en faveur du PDC et que l’avance de la candidate socialiste était un peu faible par rapport à cette possibilité de progression du PDC. Mais ce n’est pas du tout ce qui s’est passé. L’UDC a bien reculé de 20,6 à 15,1%, mais c’est Rosalie Beuret Siess qui a augmenté son score d’un pourcentage quasi équivalent en passant de 41,5 à 46,9%. Anne Seydoux n’a progressé que d’un petit 0,1%. Mais la progression de Rosalie Beuret Siess ne vient probablement pas principalement d’un report de voix UDC du 1er tour. Dans de nombreuses communes, notamment dans la région delémontaine, l’augmentation est nettement supérieure à la baisse de l’UDC. La gauche a réussi à mobiliser un certain nombre d’abstentionnistes du 1er tour.
Les turpitudes de l’UDC
Ces élections ont notamment été marquées par les sottises des chefs de l’UDC, qui n’ont pas peur des contradictions, voire du ridicule. Après avoir combattu au 1er tour deux candidates «de gauche», ils demandaient à Anne Seydoux, qui avait obtenu presque deux fois plus de voix que Romain Schaer de se désister! Puis, ils proposaient leur propre désistement au profit du PDC, moyennant un engagement de celui-ci à faire liste commune avec eux lors des élections d’octobre. Le PDC ne pouvait évidemment que refuser une telle condition. Mais cela suffisait à l’UDC pour se sentir «méprisé» et aller au 2e tour. Ceci a évidemment facilité la victoire de Rosalie Beuret, mais au vu du résultat de dimanche, elle aurait aussi eu toutes ses chances dans le cas d’un duel.
C’est donc un grand succès pour le Parti socialiste et l’ensemble de la gauche. Le Gouvernement est maintenant composé de 2 PS, 1 PCSI, 1 PLR et 1 PDC. Et pour la première fois il y a deux femmes ministres et socialistes. Aux dernières élections cantonales de 2015, la gauche n’obtenait que 31% des voix, alors que le PDC, le PLR et le PCSI, qui soutenaient la candidate PDC, en totalisaient 54%. La gauche devrait donc se renforcer au Parlement cet automne. Pour le Gouvernement, les Verts et probablement CS-POP seront aussi dans la course. La gauche saura-t-elle être assez unie pour remporter une nouvelle victoire?
Rosalie Beuret Siess, une bio bien remplie
Rosalie Beuret Siess a 41 ans. Elle est licenciée en sciences sociales et actuellement responsable administrative de la fondation Jurassica (Muséum et Jardin botanique de Porrentruy). Sur le plan politique, elle a été élue en 2004 au Conseil de ville de Porrentruy, qu’elle a présidé une année. En 2015, Rosalie Beuret Siess devient députée au parlement cantonal et en 2017, elle est élue au Conseil municipal, en charge du Département de l’équipement. Elle a aussi été co-présidente des Femmes socialistes jurassiennes et membre active de l’Association jurassienne pour la grève des femmes. Actuellement, elle est présidente de la Fondation O2, très dynamique dans la prévention et la promotion de la santé dans le Jura.
