La vie des travailleurs avant les profits

Suisse • Le Parti suisse du Travail PST-POP demande que la santé des travailleurs soit davantage protégée.

Si le nombre d’infections et de morts dues au Covid-19 ne cesse d’augmenter en Suisse, le Conseil fédéral refuse toujours de prendre des mesures drastiques de limitation de l’activité économique. En nombre de contagion par habitant, la Suisse est parmi les pays au monde les plus touchés par la pandémie. Alors que plusieurs cantons ont déjà décidé de fermer les chantiers – le canton du Tessin mettant également à l’arrêt la production non essentielle – le Conseil fédéral continue à protéger avant tout les profits des actionnaires en laissant tourner la machine économique. Cela se fait au détriment de la santé des travailleurs, dont l’immense majorité ne peut tout simplement pas se permettre de faire du télétravail.

Dans un article publié mardi dernier par Le Courrier, l’avocat genevois Olivier Peter rappelle pourtant que «s’il n’existe pas de droit au profit, il existe bien un droit à la santé protégé par le droit international». Celui-ci est proclamé entre autres par la Constitution de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC) ou encore par certaines conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT).

Fidèle à sa tradition antisociale, le gouvernement suisse n’a jusqu’à présent ratifié que très peu de conventions de l’OIT. Il a notamment refusé de ratifier la Convention n°187 sur le cadre promotionnel pour la sécurité et la santé au travail de 2006. Il s’agit d’un texte contraignant, accepté par 49 pays dont l’Allemagne, la Belgique, la France ou encore le Canada. Il prévoit notamment l’obligation de promouvoir et de faire progresser le droit des travailleurs à un milieu de travail sûr et salubre et l’obligation de mettre en place un programme national pour contribuer à la protection des travailleurs en éliminant ou en réduisant au minimum les dangers et les risques liés au travail.

Prévenir l’asphyxie  du système hospitalier

Dans un communiqué de presse publié mercredi, le Parti suisse du travail (PST-POP) demande au parlement et au gouvernement helvétiques de ratifier la Convention n°187 de l’OIT et de prendre toutes les mesures nécessaires pour respecter les obligations qui en découlent. Dans la situation actuelle, la santé des personnes forcées de se rendre à leur travail est menacée car les mesures de protection de l’OFSP ne peuvent souvent pas être respectées (distance
sociale impossible à tenir, pénurie de masques et de désinfectants), comme l’a révélé une récente enquête du syndicat Unia.

Pour le secrétaire politique tessinois du PST-POP et syndicaliste Leonardo Schmid, «il est désormais clair
que la courbe de contagion doit ralentir pour éviter une surcharge du système hospitalier. Cela implique de stopper toutes les activités non nécessaires à la survie, afin de protéger la santé des travailleurs et de l’ensemble de la population».

Lors de la session parlementaire extraordinaire du 4 au 8 mai prochain, le conseiller national Denis de la Reussille demandera que la Suisse ratifie la Convention n°187 de l’OIT et s’engage ainsi à protéger la santé sur les lieux de travail.