Mieux soutenir les EMS

Le député popiste vaudois Marc Vuilleumier, ancien directeur d’un EMS, se penche sur les établissements médico-sociaux gravement touchés par la pandémie. (Paru dans la rubrique «Réflexions Invités», 24heures)

J’ai envie de dire merci à un secteur de la santé un peu oublié, mais qui absorbe maintenant le gros de la crise du Covid-19. Si le système de santé de pointe «tient» dans les hôpitaux, et sans rien enlever aux mérites des équipes à tous les niveaux qui ont su s’organiser et qui travaillent durement, c’est notamment parce que les EMS jouent actuellement un rôle essentiel en gardant, le plus souvent jusqu’à la mort, de très nombreux résidents.

Décès en hausse

Les statistiques nous montrent un fléchissement des nouvelles contaminations, une stabilisation des cas en soins intensifs et une décrue des hospitalisations en soins aigus. Par contre, la courbe des décès continue à monter. Depuis avril, ce sont les décès en EMS qui dominent. Si le travail normal des EMS est d’accompagner les résidents jusqu’à la fin, la force de l’épidémie, la vague de décès les ont frap-pés en plein cœur. En effet, dans un monde clos, ne réunissant que des patients à risque, la contamination d’un résident ou d’un membre du personnel implique un risque pour eux-mêmes et d’autres personnes.

Système D et pénurie

Dans un récent communiqué, le Canton semble avoir pris la mesure de ces enjeux. Il a ainsi clarifié que des patients Covid-19 ne devaient plus être transférés des hôpitaux dans des EMS «sans cas avérés parmi leurs résidents», et ces transferts réservés aux EMS ayant déjà de tels patients, soulignant que la «charge en soins ne devait pas dépasser leurs possibilités». Compliqué, surtout quand du matériel de base manque.

Il est indispensable de soutenir plus et mieux nos EMS, dont plusieurs se sont sentis abandonnés au début de la crise, devant recourir au système D pour trouver masques et surblouses, sans même parler de l’impossibilité de pratiquer des tests, ce qui semble hélas perdurer. Alors que l’Allemagne ou la France mettent en place des politiques de testing systématiques du personnel et des résidents, nous sommes clairement en retard à ce niveau.

Humanité des EMS

Je tenais à relever avec quelle humanité et quelle conscience professionnelle la plupart des EMS font face à leur tâche. L’enjeu est de permettre, pour le personnel, d’assurer des fins de vie dignes et respectueuses dans ce contexte particulier. Chaque jour, c’est un défi pour tout le personnel et un enjeu majeur de notre système de santé de soigner et de donner du sens à la vie de personnes confinées dans leur chambre, de garder le contact avec des familles le plus souvent interdites de visite, de continuer à faire vivre ces lieux. Merci à toutes celles et tous ceux qui relèvent ce défi avec courage, humanité et compétence.