Pétrole: entre chance et risque

Il faut le dire • Avec la crise du Covid-19, la consommation mondiale de produits pétroliers a baissé de 25% ces 2 derniers mois.

Avec la crise du Covid-19, la consommation mondiale de produits pétroliers a baissé de 25% ces 2 derniers mois. Les prévisions pour 2020 envisagent une diminution de quelque 10% au maximum, lissée sur l’ensemble de l’année, faisant repasser la consommation moyenne mondiale au-dessous de 100 millions de barils/jour. Ce serait la première fois depuis 11 ans que l’on observerait pareille chute drastique.

Une chance et un pas vers la transition écologique? Il faut rappeler que cette diminution de la demande est aussi liée à une augmentation de l’offre. Cette dernière se rattache à la guerre des prix que se livrent les plus gros producteurs que sont les Etats-Unis, la Russie et l’Arabie Saoudite. Le monde regorge de pétrole extrait.

Situation paradoxale pour une ressource dont on sait qu’elle épuisable. Ceci au moment où mouvements sociaux et partis de gauche portés par les jeunes, exigent une transition écologique rapide et une préservation de la biodiversité. Rappelons que l’Accord de Paris sur le cl mat (2015) prévoit de maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2 degrés. Il «cherche à parvenir au plafonnement mondial des émissions de gaz à effet de serre dans les meilleurs délais… et à opérer des réductions rapidement par la suite».

Est aussi évoqué le désinvestissement des entreprises impliquées dans l’extraction de combustibles fossiles, dans le but de réduire le réchauffement climatique en s’attaquant à ses causes. Malheureusement, depuis lors, la production n’a cessé d’augmenter, en particulier aux Etats-Unis, devenu le premier producteur mondial, grâce à ses gisements bitumeux à l’extraction extrêmement polluante et coûteuse.

Pour assurer cette production, les compagnies pétrolières ont bénéficié de largesses fiscales. Or elles ne sont rentables qu’avec un prix du baril à 85 dollars, c’est dire les pertes colossales qu’elles subissent actuellement.

D’ailleurs, le gouvernement Trump leur a déjà promis une aide substantielle, argent qui n’ira pas vers ceux qui souffrent le plus de la crise du Covid-19, et encore moins vers de projets énergétiques alternatifs. Et pourtant, tous les spécialistes du climat, GIEC en tête, répètent inlassablement que, sans transition écologique volontariste, le réchauffement climatique sera beaucoup plus important.

Alors qu’une transition écologique s’impose chaque jour de manière plus urgente, ce n’est pas l’heure de subventionner les grandes compagnies pétrolières ni d’ailleurs les compagnies aériennes ou de frets maritimes, pour le moins sans contreparties fermes. La pandémie liée au dérèglement écologique est plus sournoise, mais elle est une menace bien pire pour l’humanité que le Covid-19.