Renens: un abri de jour en temps de Covid

Vaud • La crise du Covid-19 a mis en lumière la profonde inégalité économique qui traverse la Suisse. Les longues files d’attentes pour obtenir un peu de nourriture à Genève ont marqué les esprits. A Renens, la municipalité a pris les devants. (Par Paris Kyritsis)

Renens a mis en place un abri de jour et de cantine gratuite à l’église Saint-François dans le respect des normes de protection sanitaires. (DR)

Les mesures de confinement prises par le Conseil fédéral pour faire face au Covid-19 n’ont pas seulement impacté la vie de nombreuses familles, elles ont également compliqué le travail de terrain mené par les associations locales. Les difficultés rencontrées par les classes populaires en sont renforcées.

Dans l’Ouest lausannois, le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté de 16% depuis le début du confinement. «J’ai reçu une vingtaine d’appels de personnes cherchant de l’aide afin de payer leur loyer», confie Karine Clerc, conseillère municipale POP dans la commune de Renens. Avec son confrère, le syndic socialiste Jean- François Clément, ils sont à l’origine du projet d’abri de jour et de cantine gratuite qui a ouvert dans l’église Saint-François dans le respect des normes de protection sanitaires.

Prévu au départ pour les sans-abri, l’espace d’accueil est fréquenté par une population diversifiée. Au-delà du passage pour un repas gratuit, certains viennent également pour le contact social, denrée parfois rare et précieuse en temps de confinement. En tout, une vingtaine de bénévoles, aidés de civilistes, se relaient au cours de la journée pour servir les repars fournis par l’association Mère Sofia.

Pour l’instant, ce lieu d’accueil permet de répondre aux besoins les plus pressants des personnes touchées par les difficultés économiques. Mais Jean-François Clément n’exclut pas un «effet retard» sur le moyen terme, notamment lorsque les économies des personnes sans salaire auront été épuisées. Pour y faire face, le fonctionnement de notre économie doit être, selon- lui, repensé: «Il faut espérer que nous ressortirons de la crise avec un nouveau contrat social, notamment en repensant les rémunérations de métiers indispensables et peu valorisés, dans les soins, la construction, la restauration par exemple», annonce-t-il dans le 24 Heures du 6 mai.

Ce projet mené à bien à l’initiative des deux municipaux intervient dans un contexte où le travail est difficile: «Du jour au lendemain, nous avons dû cesser nos activités courantes. Informer, sensibiliser, protéger. Avoir un discours, cohérent, suivre les informations du canton et de la confédération», dit Karine Clerc dans le journal de la Fourmi Rouge de mai. Au-delà de ce projet concret d’abri de jour, c’est tout le travail de la municipalité qui a dû être réinventé. «Une crise telle que celle-ci, ce sont des enjeux humains avant tout. On n’est pas tous dans le même bateau, car on n’a pas tous les mêmes ressources, la même résistance au stress. Il fallait donc à la fois imaginer des réponses collectives, et des ajustements individuels. Atteindre tout le monde, organiser l’accueil de jour, les manifestations, les activités de l’administration, se coordonner avec le personnel et les partenaires», ajoute-t-elle. Et l’on voit que même dans des conditions difficiles, il est possible pour de bons projets solidaires de se matérialiser.