Pesticide décrié en eaux souterraines

Il faut le dire • Le 12 mai, on apprenait par un communiqué que l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) a procédé à une première estimation de la pollution des eaux souterraines à l’échelle nationale.

Dans cette période de déconfinement progressif, il est temps de réfléchir à nos priorités écologiques, sanitaires, sociales et économique. Un fongicide aux effets cancérigènes à long terme menace l’environnement et l’homme.
En ce sens, il est essentiel de promouvoir le «consommer local» tout en ayant une meilleure traçabilité du produit. C’est ce qui garantit probablement au mieux que notre manière de faire ne nuise pas à notre santé, ni à celle de notre environnement.

Or, il est inquiétant d’apprendre le 1er mai par la presse qu’un «tout-ménage» reçu quelques jours auparavant par les administrés de Bourg-en-Lavaux (en plein Patrimoine mondial de l’UNESCO) a donné à l’eau potable un arrière-goût chimique. Les dernières analyses sur le territoire communal ont révélé une concentration de métabolites du chlorothalonil (0,569 microgramme) dépassant la valeur admise par l’Ordonnance fédérale sur l’eau potable. Le seuil de tolérance fixé, en août 2019, par la Confédération est de 0,1 microgramme par litre pour les métabolites de chlorothalonil. L’eau de Bourg-en-Lavaux en contient 6 fois plus et tout le canton de Vaud est impacté.

Rappelons que le chlorothalonil est un fongicide chimique utilisé de manière régulière dans la viticulture mais aussi dans l’agriculture, depuis les années 70. Après son bannissement par l’Union européenne, Il est enfin interdit en Suisse depuis le 1er janvier 2020. En effet, le produit inodore et incolore a été classé par l’OMS comme potentiellement cancérigène pour l’homme. Il présente aussi un risque élevé pour les amphibiens et les poissons, joue un rôle dans la disparition des insectes, et menace donc la biodiversité.

Certes les producteurs l’ont utilisé en «toute bonne foi». Ceci même s’ils devaient se douter de la toxicité potentielle, à voir les protections individuelles qu’ils ont l’habitude de mettre lorsqu’ils l’utilisent les faisant ressembler à des cosmonautes. Syngenta, qui le produit, a fait opposition à cette interdiction. Les Communes ont deux ans au maximum pour mettre leur réseau d’eau en conformité.

Le 12 mai 2020, on apprenait par un communiqué que l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) a procédé à une première estimation de la pollution des eaux souterraines à l’échelle nationale. Il en ressort que plusieurs sites dépassent la concentration admise en métabolites du chlorothalonil dans de vastes parties du Plateau et sont ainsi à l’origine d’une «pollution considérable» (sic). Tout récemment encore on nous disait que le lac de Neuchâtel était touché.

On parle aujourd’hui du chlorothalonil. Or, de nombreux pesticides ou herbicides font polémique depuis quelques années: pesticides néonicotinoïdes tueurs d’abeilles, chlorpyriphos toxique pour le système nerveux et perturbateur endocrinien, glyphosate probablement cancérigène… Nous avons affaire à un problème global: un grand nombre de produits (environ 350) ont été mis sur le marché alors que l’on n’était visiblement pas en mesure d’évaluer correctement leur impact sur la santé et l’environnement.

Consommer local doit aller de pair avec la lutte pour la reconversion de la production vers le bio, en assurant un accompagnement des paysans. Dans l’immédiat, il faut revoir le cursus de formation dans les écoles d’agriculture, et à titre d’exemplarité, que les domaines en mains publiques se convertissent à la culture sans intrants chimiques.
Mais en attendant, qui payera la mise en conformité du réseau d’eau?