Vevey, la somme de toutes les crises

Vaud • Le 21 juin se déroule une élection complémentaire à la Municipalité de Vevey dans un contexte de crise politique aigüe. Interview d’Yvan Luccarini, candidat de Décroissance/alternatives.

«En termes de mobilité, l’important n’est plus de fluidifier mais de réduire le trafic.», préconise la candidat de la gauche radicale. (DR)

La Municipalité de Vevey a connu de graves difficultés dues à des tensions internes au sein de son exécutif. Ainsi des querelles personnelles d’une violence rarement atteinte pour une commune vaudoise. Il y a aussi le pénible et interminable feuilleton de la suspension puis la réintégration des deux élus de Vevey Libre, Jérôme Christen et Michel Agnant auxquels la Municipalité réclame 2 millions «pour réparation du préjudice subi» par la Ville de Vevey.
Poursuivi pour soupçon de gestion déloyale des intérêts publics, le socialiste Lionel Girardin est suspendu depuis juin 2018. La coupe est pleine pour une population largement lassée et excédée. Elle ne se mobilise que faiblement pour un scrutin pourtant crucial. Député du groupe Ensemble à Gauche & POP, membre de décroissance-alternatives et salarié d’une épicerie, Yvan Luccarini se lance dans la course à la succession du radical libéral Etienne Rivier, en charge de la Direction des finances et de l’économie. Interview.

Vous n’avez pas peur de tomber dans un guêpier avéré?
Yvan Luccarini Certains estiment qu’il était préférable d’attendre les élections générales de mars 2021, au moment où la municipalité passera de cinq à sept membres. Mais j’estime avoir un rôle à jouer dans cet exécutif, qui dysfonctionne depuis le début de la législature. Notamment par rapport à l’administration communale où la démotivation d’une partie du personnel est patente. Elles se traduit par une augmentation des arrêts de travail. Durant cette année de législature restante, je compte favoriser l’apaisement et redonner son rôle de collectif politique à la Municipalité, tout en essayant de regagner la confiance de la population, qui se défie de la politique.

On vous connaît comme un tenant de la décroissance. Vous restez fidèle à cette ligne?
Avec la crise du Covid-19 et les menaces liées au changement climatique, il est important de mettre rapidement sur la table des propositions d’alternative générales, mais réalisables durant cette fin de législature. Je pense notamment au réaménagement de la Place du Marché, une épine dans le pied de la ville depuis 40 ans. Sans oublier la révision de nos outils urbanistiques.
Elle permettra un développement harmonieux de notre commune. En termes de mobilité, l’important n’est plus de fluidifier mais de réduire le trafic. Ceci par le renforcement des transports publics, le développement d’une économie locale et donc d’emplois pour limiter le pendularisme de travail. En matière de politique foncière, Vevey n’a plus de réserve de terrains. Il est ainsi nécessaire de s’engager pour sortir des biens immobiliers du marché libre en usant de notre droit de préemption quand l’occasion se présente. C’est la seule voie pour accroître l’offre de logements et de locaux à loyer abordables.

Quels sont les autres points forts de votre programme?

J’aimerais instituer plus de transparence dans la chose publique, alors que la majorité municipale a établi le règne du secret au sein de l’administration ainsi qu’entre le Conseil communal et la municipalité. Pour ma part, je suis partisan que la Municipalité mette à disposition, sur le site internet de la commune, toutes les décisions municipales ou transmette, sans conditions ni délais, les documents demandés par les commissions de surveillance. La seule limitation doit être la protection de ce qu’on appelle «les intérêts prépondérants» publics ou privés.

Vos chances de remplacer un élu PLR?

C’est la quatrième fois que je me présente à la Municipalité. Depuis 2011, année de ma première apparition, le mouvement décroissance- alternatives s’est considérablement renforcé et nous avons mené plusieurs combats, notamment urbanistiques. Ils ont à chaque fois convaincus une majorité de la population dans les urnes. Cela nous donne une légitimité pour revendiquer ce siège sur la base d’une alternative nécessaire.