Cuba en première ligne contre le virus

Covid-19 • Cuba semble bien résister à la pandémie. Un succès de plus à mettre à l’actif de son système de santé.

La soirée à Yverdon a permis de faire le point sur la situation sanitaire à Cuba et sur la lutte contre le Covid-19 dans ce pays. (Bbl)

C’est peut-être l’enseignement majeur qu’ont pu tirer les quelque 100 participants à une soirée organisée à Yverdon par la section vaudoise de l’Association Suisse-Cuba, le 11 septembre dernier, en présence de l’ambassadeur de Cuba en Suisse. Ce dernier a rappelé la situation difficile que traverse le pays, avec un blocus nettement renforcé depuis l’arrivée de Trump au pouvoir. Ainsi une situation économique encore plus délicate d’autant que, avec la pandémie actuelle, l’industrie du tourisme, habituellement importante source de devises, est presque à l’arrêt.

La santé avant le profit

Malgré tout, il a réaffirmé que, pour le gouvernement, la santé passe avant le profit et que l’immense majorité de la population appuie les décisions sanitaires prises.Ceci démontre, une fois de plus, la capacité de résilience du peuple cubain et explique, au moins en partie, le bon contrôle de la pandémie avec seulement 41 cas/100’000 habitants contre 962 dans la République dominicaine voisine, à ce jour, avec une population globale similaire. Le fameux Professeur Jérôme Pugin, médecin-chef des soins intensifs des HUG et fin connaisseur du système de santé cubain a rappelé la densité médicale qui y est plus grande qu’en Suisse. Or, contrairement à notre pays, l’essentiel de l’organisation est basé sur la prévention, la médecine de proximité avec un suivi très étroit des malades chroniques.

Sous pandémie, cela permet aussi de détecter précocement et plus facilement des cas suspects. Mais aussi d’organiser les quarantaines des contacts. Ce qui n’est pas toujours aisé. Ainsi souvent sous le même toit, vivent 3 générations d’une même famille. Il faut alors trouver des lieux pour permettre d’assurer un isolement efficace.
Médicaments locaux et vaccin Le Professeur Pugin a rappelé que, depuis près de 30 ans et de manière visionnaire pour l’époque, Cuba a créé un Centre national de biotechnologie, pour développer sur place les médicaments et autres traitements que le blocus imposé par les États-Unis empêchait d’importer.

Le Dr Hermann, co-président de Médicuba travaillant avec le gouvernement cubain depuis 1992 (au moment très difficile du retrait de l’aide de l’ex- URSS), a rappelé que cette ONG a contribué à l’acheminement des principes actifs de médicaments qui ont pu ensuite être fabriqués sur place. Actuellement, selon le Dr Nils Graber, anthropologue de la santé ayant fait sa thèse sur Cuba, il faut sou- ligner l’excellence du Centre d’Immunologie moléculaire de ce pays, qui travaille d’arrache-pied à un vaccin contre la Covid-19. Mais aussi sur des essais cliniques de traitements anti-cancéreux originaux. Ils impliquent les agents de santé primaire et donc une approche multidisciplinaire reconnue internationalement.

Ne pas focaliser sur la pandémie

Car tous les intervenants, l’ambassadeur cubain en premier, ont insisté sur le fait que la pandémie due au SARS-COV2 ne doit pas occulter les autres problèmes de santé. C’est pourquoi, par exemple, les programmes de vaccinations des enfants, les suivis de grossesses ou maladies chroniques se poursuivent, ce qui est remarquable. C’est d’ailleurs une recommandation de l’OMS. Mais que de nombreux pays ne sont hélas pas capables d’assumer. Enfin, ce fut l’occasion de nous rappeler que Cuba est toujours solidaire à l’international. Le Ministère de la santé a des brigades expérimentées à disposition. Il a apporté son aide à différents pays ou régions soudain dépassés par la gravité de la première vague de la Covid-19, comme en Italie du Nord ce printemps.

Une soirée riche en informations, agrémentée de la présence de la jeune réalisatrice suisse-cubaine Laura Cazador, autrice notamment du film Les Insoumises. Elle nous a rappelé par un très beau texte lu, combien l’industrie du cinéma était importante à Cuba, et un vecteur de culture si nécessaire et trop souvent négligé ailleurs. Sans oublier que le POPCHESTRA, une fois de plus, a su donner à la fin de la soirée une note plus festive (mais combative!).