Le pouvoir, hommes versus femmes

La chronique féministe • D’après les études, il n’y aurait pas de différence, à la naissance, entre les filles et les garçons, sinon une plus grande agressivité chez ces derniers.

Vous mettez ensemble deux filles, elles discutent; deux garçons, ils se battent.
D’après les études, il n’y aurait pas de différence, à la naissance, entre les filles et les garçons, sinon une plus grande agressivité chez ces derniers. Elle serait due au fait que, plus fragiles à cause des chromosomes XY (XX chez les filles, signe de stabilité), les garçons doivent lutter davantage pour survivre. Cette agressivité se retrouve tout au long de la vie: à la crèche, à l’école, à la récréation, dans les sports, dans la culture, au travail, en science, dans la politique, dans l’économie, etc. Le garçon, puis l’homme, veut être le plus fort, quitte à écarter, voire écraser, la concurrence.
Pendant des millénaires, les femmes n’avaient pas accès à ces combats de coqs. De toute manière, elles n’avaient aucun droit, et se trouvaient donc dans l’impossibilité d’entrer dans le club. La seule chose qu’on leur demandait, c’était d’être une bonne épouse et d’élever les enfants.

Si l’on retourne aux origines, selon Alain Testart, Essai sur les fondements de la division sexuelle du travail chez les chasseurs-cueilleurs (Revue française de sociologie, 1987), les femmes chassent en certaines occasions, elles utilisent des gourdins, des filets, etc., mais pas les armes qui font couler le sang. Selon «l’idéologie du sang», il y aurait incompatibilité entre le sang menstruel et le sang animal. La volonté de prohiber tout contact entre ces deux substances dangereuses serait le fondement de la division sexuel du travail chez les chasseurs-cueilleurs. Cependant, c’était la cueillette qui représentait la nourriture quotidienne. Certaines inventions fondamentales des sociétés du Néolithique, notamment la céramique, l’agriculture, la sylviculture, la domestication du chien, seraient dues aux femmes. Ce sont d’ailleurs des mains de femmes qui ont marqué les peintures des grottes.
Dès la sédentarisation (9000 ans av. J.-C.), les sociétés sont devenues inégalitaires. Les métallurgies de l’or, du cuivre, du bronze et du fer entraînent hiérarchie et inégalité sociales. Dès qu’une hiérarchie s’instaure, les femmes sont perdantes.

Le pouvoir semble une affaire d’hommes, des empereurs romains aux chefs d’État d’aujourd’hui. Voir tous ces costumes-cravates (les femmes sont si peu nombreuses) dans les réunions politiques comme le G7, le G20, le WEF de Davos, les séances de l’ONU, les différents sommets, me donne la nausée.

Malheureusement pour la planète, des chefs d’État parmi les pays les plus puissants sont psychopathes. La psychopathie est un trouble de la personnalité, caractérisé par un comportement antisocial, un manque de remords et de comportements humains. Elle touche essentiellement les hommes. En effet, un haut niveau de testostérone, associé à un niveau bas de cortisol, sont des facteurs corrélés aux traits psychopathiques, dont la recherche de récompense et la réduction de la peur. Citons parmi ces malades Bachar el-Assad, à qui la notion de mal semble étrangère, Kim Jong-un, Bolsonaro, Xi Jinping, Poutine, Erdogan, Orban, Johnson. Dénominateur commun: ils sont tous racistes et misogynes.

Parmi les chefs d’État sociopathes de pays démocratiques, Donald Trump me paraît celui qui cumule toutes les tares: narcissique à l’ego surdimensionné, incapable de la moindre empathie, extravagant, imprévisible, mythomane, grossier, raciste, sexiste, méprisant, violent, menteur, voleur, escroc. Il inonde le pays de ses tweets insensés. Le New York Times dénombre ses mensonges, on en est autour de 2000 à ce jour. Trump utilise les fake news sans retenue pour asséner SA «vérité» ou parle de «faits alternatifs» quand on lui prouve une contre-vérité, comme la faible densité de la foule lors de son investiture. Il ne supporte pas la contradiction, renvoie sans ménagement ses conseillers et ministres, n’invite plus les journalistes qui lui déplaisent, comme s’il était encore dans le jeu de téléréalité «The Apprentice», qu’il a produit et animé pendant des années, avec sa phrase fétiche «You’re fired!» (vous êtes viré!). Il pratique l’insulte, se vante de ses conquêtes «Quand on est une star, elles nous laissent faire. On peut faire tout ce qu’on veut. Les attraper par la chatte.» Il méprise ses adversaires politiques, les rabaisse en déversant des torrents d’injures et de moqueries fondées sur des mensonges. Il couvre les violences policières, les suprémacistes blancs, d’ultra-droite, dont la doctrine est proche de celle du Ku Klux Klan, qui prévoyaient d’enlever une élue démocrate, les milices paramilitaires qui veulent, si Trump n’est pas élu le 3 novembre, «sauver le pays», la mouvance QAnon, qui diffuse largement sur les réseaux sociaux la théorie du complot, utilisant p.ex. des photos truquées de politiques démocrates dévorant des bébés pour obtenir la jeunesse éternelle! Et les livre à la vindicte populaire. Les délires de QAnon feraient rire si cette mouvance n’était pas en train de polluer l’esprit d’un nombre de plus en plus important d’Américains (le pays entier est infesté), mais également l’Europe et le reste du monde*.

Depuis quatre ans, toutes les décisions et actions de Trump ne visent qu’un seul but: sa réélection. Il est prêt à tout pour y parvenir. Il prétend, contrairement aux faits (mais les faits, il n’en a cure), que le vote par correspondance favorise la fraude. Il est probable qu’il contestera le résultat si Joe Biden est déclaré vainqueur. Ce qui pourrait entraîner une guerre civile…
Ce qui me frappe le plus, chez Trump, c’est sa violence. Un certain nombre de femmes ont renoncé à faire de la politique à cause de la violence du milieu. Elles ne s’y sentent pas à l’aise. Je n’ai jamais entendu un homme y renoncer pour cette raison. Il y trouve un milieu «naturel», celui des hommes des cavernes. Si les hommes recherchent majoritairement le pouvoir pour le pouvoir, pour devenir un «mâle alpha», montrer qu’il a la plus grosse, les femmes s’engagent en politique par souci d’efficacité, pour améliorer la situation, et sont préoccupées par le bien-être des populations et de la planète. Rappelons que, lors de la crise de 2008, les banques qui comptaient 35 à 40% de femmes dans leur Conseil d’administration s’en sont mieux sorties.

Le monde serait indubitablement plus juste et plus équilibré si la moitié des pays était dirigée par une femme.

* cf. le documentaire sur France 5 du 25.10.20 «La fabrique du mensonge» de A. Lievin.