Qui va payer la facture hospitalière?

Il faut le dire • Nos hôpitaux font désormais face à un nombre plus élevé de patients qu’au pire moment de ce printemps.

Cette question, on n’ose plus la poser dans la seconde vague pandémique. Nos hôpitaux font désormais face à un nombre plus élevé de patients qu’au pire moment de ce printemps. Et pourtant, pour ces établissements, l’addition liée au Covid était déjà de 2 milliards début octobre. Elle va forcément s’aggraver aujourd’hui.

La note est due en partie aux surcoûts liés à la prise en charge des patients Covid +. Ceci avec les précautions supplémentaires nécessaires pour protéger le personnel et les autres patients. Mais elle s’explique également par le manque à gagner lié au report des hospitalisations non urgentes, singulièrement en chirurgie. On touche là à l’absurdité de notre système de santé. Les assurances ne veulent pas entendre parler de participation au déficit, car elles ne payent que pour les prestations fournies.

Les caisses-maladie restent assises sur leurs milliards de réserve. Et vont encore les augmenter. Cette pandémie a eu ainsi comme conséquence une diminution de prestations médicales et paramédicales. Ceci dans les hôpitaux et le secteur ambulatoire (env. 30% pour ce dernier). Comble du cynisme, les assurances ont même osé décider une augmentation moyenne de 0.5% des primes maladie pour 2021. Avec l’aval de l’OFSP. De même, la Confédération n’est pas prête à participer. Elle argue que la santé est de la compétence des cantons. Cela même si son grand argentier, Ueli Maurer, annonce un déficit budgétaire pour 2021 d’un peu plus de 3 milliards de francs. Soit moins de 4%. Donc à relativiser au vu de la crise actuelle.

Les cantons rechignent aussi à mettre la main à la poche. Même si leurs finances sont globalement saines. Ils font pression sur les hôpitaux qui comme l’Ensemble hospitalier de la Côte ont annoncé pendant l’été un «plan d’économies exceptionnel» pour atténuer les effets d’un déficit certain. On sait ce que cela signifie dans une «entreprise» où les coûts salariaux sont forcément importants. Ce sont probablement les employé.e.s qui trinqueront si la résistance n’est pas forte, alors même qu’on les applaudissait ce printemps. Ou on cherchera à les faire payer via une réduction de salaire. Comme le propose le canton de Genève. Quelle indécence!

Nous vivons une crise sanitaire exceptionnelle et grave. Il faut que des règles de financement de la Covid soient définies. Mais aussi une garantie de déficit suffisante du système hospitalier afin d’affronter la pandémie. Ceci de manière à lui laisser toute l’énergie requise pour se focaliser sur sa fonction première. À savoir fournir les soins de manière équitable à toute la population. Quitte à faire participer les assurances à cette mission vitale.