Aide d’urgence en question

Il faut le dire • Vous souvenez-vous au printemps, lors de la première vague de Covid-19 à Genève de cette longue file d’attente de personnes en situation de grande précarité au centre sportif des Vernets pour des colis d’aide alimentaire qui choquait?

Vous souvenez-vous au printemps, lors de la première vague de Covid-19 à Genève de cette longue file d’attente de personnes en situation de grande précarité au centre sportif des Vernets pour des colis d’aide alimentaire (un dispositif organisé par la Caravane de solidarité en partenariat avec les Colis du coeur et Partage et supervisé par la Ville) qui choquait? Au 26 septembre, l’État communiquait que depuis le 15 juin, «l’organisation décentralisée dans sept communes, sous la coordination du canton et gérée par les Colis du coeur, a permis la distribution de plus de 60’000 colis alimentaires aux personnes en situation de précarité à Genève». Mais nos autorités ont-elles prévu assez en la matière. Pourtant, les certitudes qu’une deuxième vague percuterait le pays au début de l’hiver étaient grandes. Au 19h30 ce mardi, on découvrait que la fondation d’aide alimentaire Les Colis du coeur a distribué la semaine passée 6633 sacs de vivres. Soit une augmentation de plus de 15% depuis le début du mois (RTS).

Quand la voix off du Journal télévisé (JT) déclare «qu’à cause des mesures sanitaires, les lieux d’accueil de jour ont tous été fermés», on s’interroge sur ce qu’il en est au moment où les températures tombent au-dessous de zéro. Genève met à disposition l’une de ses salles communales, Pitoëff, pour que les plus précaires «trouvent un endroit chaud où se poser pendant une heure», apprend-on.

Alors «il faut le dire» et peut-être le répéter, en juillet selon le site d’information Heidi News, «plus de 230’000 mètres carrés de surfaces commerciales, équivalents à trente-trois terrains de football, attendent de trouver preneur». Il faut dire aussi que nos autorités avaient tout l’été pour les réquisitionner et y développer les infrastructures nécessaires, à même d’offrir plus qu’un peu de répit. Elles ne l’ont pas fait. A celles et ceux que le mot réquisition fait peur, il faut demander si la pensée que des hommes, des femmes, des travailleurs et travailleuses aient faim et froid dans l’un des pays les plus riches au monde avec de fortes inégalités n’a pas de quoi scandaliser. Pour Pierre Phillipe, directeur des Colis du coeur, dont les propos concluent le JT, «en ces temps de Covid, la précarité n’est pas une vague mais bien une inondation et… l’eau continue de monter».