Le virus des inégalités

Il faut le dire • La pandémie a mis au jour notre fragilité collective, ainsi que l’incapacité de notre économie profondément inégale à œuvrer dans l’intérêt de toutes et tous.

C’est le titre du dernier rapport de l’ONG Oxfam publié le 25 janvier. En seulement 9 mois, les 1000 milliardaires les plus fortunés, principalement des hommes blancs, avaient recouvré toutes leurs pertes, nous apprend Oxfam. Cela fait écho à l’annonce des bénéfices d’UBS, dont le directeur ose dire que 2020 fut «une année difficile mais des résultats gratifiants» avec un bénéfice net de 6 milliards.

Pour la première fois, les inégalités ont augmenté simultanément dans la quasi-totalité des pays, même chez nous. La pandémie a mis au jour notre fragilité collective, ainsi que l’incapacité de notre économie profondément inégale à œuvrer dans l’intérêt de toutes et tous.

Ainsi, le directeur de l’OMS a taxé de «faillite morale catastrophique», le manque de solidarité dans la distribution des vaccins anti-Covid-19. Par ailleurs, on peut observer l’importance cruciale de l’intervention des gouvernements dans la protection de notre santé et de nos moyens de subsistance. De ce point de vue, l’Europe , qui est la région au système social le plus solide, s’en sort bien.

La Suisse, pourtant très peu endettée, pourrait faire mieux. Même la droite néo-libérale demande plus d’interventions de l’État et abandonne son obsession du «moins d’État». Cette crise a rendu plus visibles des inégalités préexistantes: celles qui touchent les minorités (noires et latinos aux E-U), les femmes (travaillant souvent dans des secteurs très impactés par la crise), les migrants (que l’on «oublie» aux portes de l’Europe dans des camps aux conditions indignes et impropres à contenir l’épidémie). Et j’en passe.

Il y a aussi les pays les plus pauvres dont l’avenir économique est très préoccupant. Ainsi l’endettement flambe, entraînant des États déjà lourde- ment endettés au bord de la faillite. Après ce constat, Oxfam affirme que le retour au monde d’avant n’est pas une option. Au lieu de cela, citoyen.ne.s et gouvernements doivent se mobiliser autour de l’urgence à créer un monde plus égalitaire et durable.

Les gouvernements doivent s’affranchir du seul critère du PIB et commencer à valoriser ce qui compte vraiment. A cette fin, une réduction radicale et pérenne des inégalités est incontournable. Il faut «créer un monde» où les économies, centrées sur l’humain, prennent soin des personnes. Il s’agit donc de renforcer partout la protection sociale, définir des salaires minimaux (et pourquoi pas maximaux), permettre un accès mutualisé aux soins. Dans ce but, il est impératif que les personnes et les entreprises les plus riches paient leur juste part d’impôts, poursuit Oxfam. Mais cela n’a de sens qu’en donnant la priorité à la lutte contre le dérèglement climatique. Un bon programme électoral pour le POP!