Motion pour protéger les apprenti.e.s

Neuchâtel • La section neuchâteloise des Jeunes POP lance une motion populaire en clôture de la campagne nationale «Plus de droits pour les apprenti.e.s». Questions à Isis Joliat, l’une des coordinatrices de la campagne.

Au long de l’année 2020, les Jeunes POP ont mené une campagne autour des conditions de travail des apprenti.e.s. Celle-ci avait pour but d’ouvrir la discussion sur ce sujet peu présent dans le débat public et politique afin d’améliorer ces conditions, et de créer des liens avec les apprenti.e.s. Une pétition leur a ainsi été présentée, et la section neuchâteloise a également lancé une motion populaire début janvier.

Que demande cette motion?

Isis Joliat La motion vise une meilleure protection des apprenti.e.s. Actuellement à Neuchâtel, les conseiller.ère.s en formation professionnelle (CFP) sont chargé.e.s d’informer et soutenir les entreprises et apprenti.e.s. Ce sont aussi ces personnes que les apprenti.e.s peuvent contacter en cas de problèmes, par exemple si les clauses de leur contrat ne sont pas respectées. Chaque apprenti.e a, en théorie, la visite d’un CFP au moins une fois durant sa formation. Ce n’est toutefois pas suffisant. De nombreuses personnes rencontrent en effet des situations inacceptables de stress, mais également de harcèlement durant leur apprentissage. En cas de problèmes, la responsabilité de dénoncer repose principalement sur l’apprenti.e. Cela signifie qu’il faut non seulement avoir le courage de dénoncer un.e collègue ou un.e supérieur mais également être suffisamment au courant de ses droits.

La motion vise à améliorer cette situation à partir de trois points. Premièrement, elle demande la mise en place de contrôles réguliers et non-annoncés des lieux d’apprentissage afin de s’assurer que les conditions de travail et de formation sont respectées. Il est important qu’il s’agisse de contrôles effectués par le Canton et par les syndicats. Certain.e.s apprenti.e.s nous ont dit que la personne chargée de venir sur le lieu d’apprentissage (si elle venait) était amie avec leur patron. Ce n’est pas normal. La motion demande donc que les syndicats puissent effectuer des visites dans les entreprises formatrices et dans les écoles afin de faire respecter les droits des apprenti.e.s, mais également

pour les faire connaître. Enfin, la troisième revendication consiste en la mise en place de mesures contraignantes en cas de non- respect des droits des apprenti.e.s dans le but de responsabiliser les entreprises.

Quelles sont les raisons de rendre une motion, en plus de la pétition?

Avec une pétition, des demandes, des pro- positions ou des critiques sont soumises au parlement ou au gouvernement qui doit donner une réponse dans l’année. Il n’y a donc pas de caractère contraignant contrairement à la motion qui oblige le gouvernement, en l’occurrence le Conseil d’État neuchâtelois, à présenter un rapport et un projet de loi ou décret en fonction de ce qui est demandé. Et ce dans un délai de deux ans après l’acceptation de la motion.

Pourquoi une motion populaire et pas parlementaire?

La motion que nous avons lancée s’inscrit dans la campagne nationale des Jeunes POP Suisse «Plus de droits pour les apprenti.e.s» et vise à donner plus de poids à la pétition. Un des objectifs de cette campagne a toujours été d’aller sur le terrain, ce que la pandémie n’a d’ailleurs pas facilité. L’avantage de la pétition est qu’elle peut être signée par toute personne capable de discernement, donc également des mineur.e.s. Elle a ainsi été l’occasion de rencontrer des apprenti.e.s qui ont pu témoigner de leurs problèmes.

De nombreux adultes qui signent nous disent également que leur enfant ou petit-enfant a rencontré des difficultés. Nous avons voulu garder cet aspect de travail de terrain avec la motion. Ceci permet non seulement de donner la parole aux personnes rencontrées dans la rue, mais également d’offrir la possibilité à l’ensemble de nos membres de s’impliquer. La motion populaire était également l’occasion de faire une collaboration entre les Jeunes POP et le POP neuchâtelois avec qui nous avons travaillé à la réalisation de la motion.

Les Neuchâtelois.es peuvent signer la motion jus- qu’au 1er mars, et la pétition peut être signée par tout.e.s jusqu’au 31 janvier. Les deux documents se trouvent en ligne sur le site des Jeunes POP: jeunespop.ch.