Pour une carte d’habitants à Genève

Genève • Il s’agit donc de simplifier la vie de toutes et de tous et de faciliter la mise en valeur de leurs droits. (Par Pascal Holenweg,
Paru sur causetoujours.blog.tdg.ch, adapté par la rédaction)

Un mouvement est en train de naître, dans les villes de ce pays, et nous voulons en être avec celles et ceux qui avancent dans la même direction: celle d’une ville appartenant à toutes celles et tous ceux qui y vivent. Une carte d’habitant, une carte de ville, une «city card» n’est pas une carte d’identité, c’est une carte d’existence. Elle ne donne pas un droit de vote, ni un droit de résidence, elle donne un droit à la ville. Elle n’accorde pas un statut, elle constate une évidence.

Et elle n’est pas réservée aux «sans-papiers» (la leur réserver, ce serait leur proposer une carte d’auto-dénonciation, ou de traçage), elle est proposée par une ville à toutes celles et tous ceux qui y vivent – y compris à celles et ceux qui y vivent sous les ponts, dans les parcs ou les abris PC. Et aux banquiers privés, aux traders de matière première, aux vendeurs de montres de luxe et aux fonctionnaires internationaux. Et entre les uns et les autres, au vulgum pecus. Vous et moi. C’est ainsi que la conçoivent les villes suisses (Zurich, La Chaux de Fonds…) qui en ont accepté le principe, et que la conçoivent celles et ceux qui en ont ou vont en faire la proposition à leurs villes (Fribourg, Bienne, Lausanne, Berne, Porrentruy, Delémont… et Genève…). La Ville de Zurich a pris soin de demander un avis de droit: la création de sa «city card» est-elle conforme au droit fédéral? La réponse est qu’elle est conforme, et que la Ville de Zurich peut aller de l’avant. Comme les autres villes.

A Genève, où il y a un peu moins d’un an, la revendication d’une «carte d’habitant.e» avait été posée lors d’une manifestation antiraciste, la proposition en a été faite, sous forme d’une motion socialiste (M-1596) au Conseil municipal (on espère la voir déposée dans les autres conseils municipaux des villes genevoises). Elle permettrait un accès universel à toutes les prestations, à tous les services et institutions de la Ville, ainsi qu’aux lieux culturels, sportifs, sociaux, mais aussi à des commerces privés, si tel est leur souhait. Elle permettrait également l’identification de leurs détentrices et détenteurs, s’ils ou elles sont dépourvus d’autres documents les identifiant. Le cas échéant, elle permettrait de bénéficier de gratuités ou de tarifs réduits réservés aux habitants et habitantes de la Ville. Avec ou sans papiers.

Il s’agit donc de simplifier la vie de toutes et de tous et de faciliter la mise en valeur de leurs droits. Y compris des droits de celles et ceux qui n’ont pas de statut légal – ce qui suscite déjà, par réflexe, l’opposition de la droite de la droite: dès que des sans-papiers peuvent bénéficier d’une décision municipale ou cantonale, elle est contre: elle était contre Papyrus, contre le crédit d’aide aux précaires, accepté en votation le 28 mars, elle est contre l’ouverture des hébergements d’urgence aux sans-papiers, elle sera contre l’introduction à Genève, commune par commune, d’une carte d’habitant.e qui ne les exclurait pas d’emblée. Comme s’ils et elles n’étaient pas là. Mais elles et ils sont là. Comme nous. Et font nos villes, toutes nos villes, avec nous.

«Wir alle sind Bern» proclament les promoteurs d’une «carte d’habitant» de la Ville de Berne. C’est un résumé parfait de notre même projet, ici: Nous tous sommes Genève!