Contre la précarisation dans le nettoyage

Genève • Par une action choc, les nettoyeuses et nettoyeurs de la Ville revendique une ré-internalisation de leur secteur dans la fonction publique municipale.

Le 14 juin,une dizaine de nettoyeuses ont exigé une ré-internalisation municipale de l’ensemble du personnel de nettoyage. (SIT)

A l’occasion de la grève féministe du 14 juin, une dizaine de nettoyeuses se sont réunies devant les bureaux du Magistrat en charge des finances de la Ville de Genève, Alfonso Gomez (Verts). Ceci pour exiger de la double majorité de «gauche», tant au Conseil municipal (CM) qu’au Conseil Administratif (CA), la ré-internalisation de l’ensemble du personnel de nettoyage de la ville.

Le Syndicat interprofessionnel des travailleuses et travailleur (SIT) a soutenu l’action. Il n’a pas apprécié le contenu d’un rapport de la commission des finances du CM d’avril dernier concernant une série de projets et de motions déposés suite à la grève des nettoyeurs.euses des toilettes publics de l’entreprise Onet. Ce rapport souhaitait mettre en lumière la problématique de la sous-traitance des services de nettoyage des lieux publics à des entreprises privées. «Tous ces objets étaient à l’époque soutenus par l’Alternative.

Or, il ressort de ce rapport que les Verts.es ont littéralement changé de discours et préconisent un pseudo projet pilote extrêmement minimaliste de ré-internalisation de quatre nettoyeuses sur la centaine concernée», s’insurge le syndicat dans un communiqué. Il rappelle que, depuis une vingtaine d’années, bien qu’indispensable à la population genevoise et au fonctionnement de la municipalité, le personnel de nettoyage d’un secteur majoritairement féminin, invisibilisé, peu reconnu et pénible, a été expulsé de la fonction publique municipale, sous prétexte d’économies.

D’après le SIT, cette externalisation a abouti à plusieurs réalités: un détournement de la Convention collective de travail, la flexibilisation à outrance, une diminution des heures de travail et l’augmentation des cadences que pratiquent les sociétés privées. «Avec l’externalisation, c’est tout une série d’acquis qui nous ont été supprimés: on est passé de 5 à 4 semaines, à un congé maternité de 14 semaines, au lieu de 20, à plus aucune reconnaissance de l’ancienneté, à une grosse perte de notre salaire et de nos retraites, sans parler des cadences», a dénoncé une nettoyeuse. Maria*, lors de l’action. «Pire encore, la Ville de Genève se rend complice du dumping pratiqué par les entreprises de nettoyage, qui pour une question de profit et de flexibilisation à outrance, emploient leur personnel à temps partiel, obligeant ainsi tout un secteur à cumuler les emplois», dénonce le SIT.

Pour conclure leur action, une délégation de nettoyeuses s’est rendue dans les bureaux de Monsieur Gomez pour lui remettre le «premier prix de Maître tailleur, dans la catégorie retournement de veste». Avec le soutien du SIT, le personnel de nettoyage promet de ne pas cesser sa lutte jusqu’à la ré-internalisation complète des services de nettoyage en Ville de Genève.
*Prénom fictif