Un argument populaire des opposants aux mesures climatiques concrètes est que la Suisse est trop petite pour pouvoir faire la différence. Cependant, si la Suisse enregistrait tout le CO2 qu’elle émet et imposait des mesures aux responsables, l’impact serait certainement plus important. La place financière suisse est l’une des plus importantes au monde, par laquelle des milliers de milliards de francs transitent chaque année dans l’économie mondiale. Les activités économiques financées par cet argent représentent plus de 2% des émissions mondiales. Ils produisent environ vingt fois plus de gaz à effet de serre que l’ensemble de l’économie nationale.
Pourtant, les banques, les fonds de pension, les compagnies d’assurance et les fonds d’actions continuent de préférer investir dans les combustibles fossiles et d’autres secteurs économiques à forte intensité de CO2 plutôt que dans la prévention des émissions. «En agissant ainsi, ils détruisent notre avenir au lieu de soutenir les énergies renouvelables et d’autres projets durables», écrit l’ONG suisse Rise Up for Change. «CS et UBS, par exemple, ont investi ensemble environ 83,3 milliards de dollars dans le financement des énergies fossiles entre 2016 et 2019. Trop c’est trop!»
Demander des comptes
Rise Up for Change est un projet soutenu par divers groupes et individus du mouvement climatique suisse, par exemple Klimastreik Schweiz, Extinction Rebellion, Collective Climate Justice et Collectif BreakFree. En septembre 2020, les militants du climat ont occupé la Place fédérale à Berne pour attirer l’attention sur l’urgence de la crise climatique. La devise de la campagne climatique actuelle est «Finance fossile: trop grosse pour rester». Les géants de la finance, dont la maximisation des profits est un moteur mondial de croissance et d’exploitation irresponsable, sont responsables d’impacts climatiques catastrophiques et de violations des droits de l’homme: «Ils devraient être tenus responsables par le biais de pressions politiques.»
La grève du climat exige donc des institutions financières suisses «des flux financiers transparents, une réduction des émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre provenant de ces flux à un niveau net zéro d’ici 2030, des mesures et des voies de réduction clairement définies, ainsi que l’exclusion immédiate d’investissements financiers provenant de et vers les énergies fossiles. Le Conseil fédéral et le Parlement doivent élaborer les bases légales correspondantes.»
Rise Up for Change demande aussi «la divulgation immédiate des montants investis dans tel ou tel projet, industrie ou entreprise et de l’importance de l’empreinte écologique associée» et ne veut plus «d’argent pour les énergies fossiles, avec un arrêt immédiat des nouveaux investissements, prêts et services d’assurance pour les projets et entreprises actifs dans les énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel), qui détruisent les écosystèmes et violent les droits de l’homme et des populations autochtones. Les flux financiers actuels liés aux combustibles fossiles doivent être stoppés le plus rapidement possible.»
Le centre financier sous les projecteurs !
Non seulement les banques privées et les institutions financières telles que le Crédit Suisse et l’UBS investissent des sommes importantes dans des projets nuisibles au climat tels que l’extraction de combustibles fossiles, mais la Banque nationale suisse le fait également.
Pour cette raison, plusieurs groupes du mouvement suisse pour la justice climatique prévoient des formations et des actions communes à Zurich et à Berne du 30 juillet au 6 août 2021. Pendant toute la semaine d’action, un camp climatique sera organisé dans la région de Zurich. Il y aura une cuisine, un hébergement pour la nuit et des formations à l’action, allant de la peinture de calicots aux conseils juridiques. La première partie de la semaine d’action de Zurich vise les banques privées. Une «grande action de masse colorée de désobéissance civile» est prévue. Rise Up for Change se mobilise spécifiquement pour la dernière plénière d’action du dimanche 1er août, à 17 heures, au camp climatique, qui est le grand coup d’envoi de la semaine d’action et qui a pour but d’accorder et de préparer les militants impliqués.
«Il existe différents niveaux d’action, dont beaucoup présentent des risques juridiques moindres», écrit l’ONG. «Nous essaierons d’agir avec habileté et de ne pas simplement provoquer ou causer une répression inutile avec cette action: Notre objectif n’est pas d’utiliser la désobéissance civile comme un outil, mais plutôt de remettre la place financière suisse sous les projecteurs et de sensibiliser le public.»
La deuxième partie de la semaine d’action portera sur «les problèmes systémiques et les critiques de la place financière suisse», la manifestation finale ayant lieu à Berne le 6 août. Elle exigera que la Banque nationale suisse assume sa responsabilité pour un avenir respectueux du climat.
Désobéissance civile
Le 14 juillet déjà, une formation à l’action a eu lieu à Bâle, où les participants inscrits et spontanés ont pu se préparer. « L’espace a été ouvert pour parler des préoccupations, des questions et des besoins (particuliers) dans le contexte des actions de désobéissance civile». Différentes questions ont été abordées: Comment me comporter dans les situations de stress, comment garder une vue d’ensemble et qu’est-ce qu’un groupe de référence? Quelles sont les possibilités de décider ensemble, même dans une situation confuse, et que dois-je absolument savoir avant de prendre part à une action de désobéissance civile?
Plus d’informations : www.riseupforchange.ch