L’Afghanistan oubliée

Il faut le dire • Outre l’aide financière, qui pourrait être apportée aux réfugiés.es. afghan.es dans les pays voisins, les Etats occidentaux se doivent d’en faire plus.

Le 15 août, les talibans prenaient Kaboul, à la suite du reste du pays, à l’exception de la vallée du Panchir. Parmi leurs premières interdictions, celle de participer au défilé du 1er Mai, une journée honnie par ces islamistes pachtounes. Depuis, les révélations sur les violations des droits humains ne cessent. Le 30 août, selon Amnesty, les forces talibanes ont tué 13 membres de la minorité chiite des Hazaras, anciens membres des Forces nationales afghanes de défense et de sécurité (ANDSF) dans le district de Khidir, malgré leur reddition. Ces exactions ont tout de meurtres extrajudiciaires. On ne parlera pas non plus du sort des femmes afghanes, qui ont vu leurs manifestations de protestation interdites et les jeunes filles exclues de poursuivre leurs études au secondaire. Les nouveaux maîtres s’en prennent aussi aux journalistes et n’ont pas hésité à assassiner brutalement un comédien, Fazal Mohammad, qu’ils n’aimaient pas.

Face à cette situation, qui risque d’empirer ces prochains mois, le silence n’est pas de mise et la communauté internationale doit s’engager. Il s’agit de prendre des mesures concrètes au Conseil des droits de l’homme des Nations unies afin d’envoyer le message que l’impunité ne sera pas tolérée. «Cela devrait aller de pair avec un soutien à l’enquête en cours à la Cour pénale internationale, afin d’assurer la responsabilité des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre commis par toutes les parties», estime Juliette Rousselot, chargée de programme de la de la Fédération internationale pour les droits humains.

Outre l’aide financière, qui pourrait être apportée aux réfugiés.es. afghan.es dans les pays voisins, les Etats occidentaux se doivent d’en faire plus. En Suisse, les villes de Genève, Berne ou Zurich ou le Grand Conseil genevois ont ratifié le principe d’accepter un contingent sur leur territoire et favoriser le regroupement familial des Afghan.es vivant en Suisse. On ne peut pas se limiter comme le fait Karin Keller-Sutter, cheffe du département de justice et police de n’envisager aucun accueil supplémentaire pour les personnes vulnérables, qui se sont battues ces dernières années pour les droits des femmes, la démocratie et une société libre, ou s’en tenir à vague projet de concertation européenne sur le sujet.