La recomposition des mondes

Livre • Une bande dessinée revient sur la résistance à Notre-Dame des-Landes contre un projet de nouvel aéroport près de Nantes. (Par Radix.red)

Alessandro Pignocchi, La recomposition des mondes, Seuil, (DR)

La ZAD (Zone à Défendre), de Notre-Dame des Landes à Nantes (France), est un exemple de résistance écologique qui allie une logique environnementale et une critique du système capitaliste. C’est un ensemble de personnes venues s’installer dans le bocage de Notre-Dame des Landes pour répondre à l’appel lancé en 2008 par le collectif des «habitant.es qui résistent» à venir occuper les terres menacées par le projet d’aéroport.

Comme on peut le lire sur leur site: «Nos désirs en venant sur la Zone à Défendre étaient multiples: habiter sur un territoire en lutte, ce qui permet d’être proches des personnes qui s’y opposent depuis 40 ans et de pouvoir agir en temps de travaux; profiter d’espaces laissés à l’abandon pour apprendre à vivre ensemble, à cultiver la terre, à être plus autonomes vis-à-vis du système capitaliste. En ce sens, nous avons toujours affirmé lutter contre l’aéroport et son monde. Pendant toutes ces années le mouvement d’occupation n’a fait que croître et a participé à la lutte avec ses armes, la résistance physique sur le terrain, le sabotage et l’action directe, aux côtés des autres composantes du mouvement anti-aéroport. Dès lors, il s’agit pour nous qui habitons désormais ici, de faire en sorte que ces terres ne
retournent pas à l’agrandissement de grandes exploitations agricoles, de continuer à défendre la richesse et la biodiversité du bocage. Il nous importe aussi de continuer à défendre d’autres manières de vivre, de s’organiser, de continuer à être solidaires d’autres luttes contre l’aménagement capitaliste du territoire et contre toutes les formes de domination. Des voix plutôt que la voix: nous sommes une multitudes de groupes et d’individus avec des idées communes mais aussi beaucoup de différences.» (1)

Alessandro Pignocchi écrit la bande dessinée La recomposition des mondes, en 2019 après que le projet d’aéroport ait été abandonné. Originale de par son côté biographique, elle explore les raisons qui ont poussé les zadistes à lutter pendant tant d’années et à continuer à lutter après l’abandon du projet d’aéroport. Ses aquarelles alternent les narrateurs.trices passant d’une journaliste, à un policier à sa propre immersion dans la ZAD, avec son regard d’anthropologue. Il commence par déconstruire cette idée roman- tique de la nature comme un «grand tout», issue de notre vision de la nature qui n’est autre qu’une construction occidentale; romantique sous certains aspects et une nature rentable sous d’autres aspects. Pignocchi présente la nature vue par les zadistes comme étant plutôt une myriade de connexions entre différentes formes du vivant que nous côtoyons.

Discussions avec un CRS

Alternant ainsi images de tritons, d’attaques polIcières sous nuage lacrymogènes et de café avec un policier dans un café nantais, Pignocchi présente sa vision de la ZAD. Le tout agrémenté de discussions avec un CRS assis à une terrasse de café pour amener un peu de théorie. Nous vous recommandons cette bande dessinée avec de belles aquarelles et un bel humour qui offre un grand plaisir à la lecture. Elle donne une première approche du concept de ZAD ainsi que pour avoir un exemple concret d’écologie radicale. Non seulement il casse cette image du Zadiste dégénéré installé «dans votre salon» comme dirait Macron. Il questionne égale- ment notre approche à la nature, donnant ainsi un écho à la revendication de nombreux mouvements issus de l’écologie radicale. «Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend».

 

(1) Alessandro Pignocchi, La recomposition des mondes, Seuil, 104 pages 1 https://zad.nadir.org