Référendum contre Frontex

Suisse • Des militant.es de gauche lancent le référendum contre l’augmentation de la participation financière suisse à l’agence européenne Frontex.

«Le Parlement suisse a décidé de renforcer l’agence européenne de protection des frontières Frontex, passant de 24 à 61 millions de francs suisses par an. Avec cet argent, Frontex va renforcer la fermeture des frontières extérieures de l’Europe et accélérer les vols spéciaux pour les déportations forcées à une échelle européenne», précise le Migrants solidarity Network (MSN).Qui vient de lancer un référendum contre cette participation financière helvétique. MSN est appuyé par 33 organisations, dont Augenauf, le Mouvement pour le Socialisme, les Avocates Démocratiques de Suisse, le Forum des Citoyens Européens, Droit de Rester Neuchâtel ou Seebrücke Schweiz.

Budget en forte hausse

La campagne de récoltes de signatures est aussi soutenue par Les Verts, les Jeunes Verts, le Parti socialiste, le Parti du Travail et Ensemble à gauche. «L’agence a été fondée en 2004. Depuis lors, son budget a augmenté de 7000%, passant de 6 millions à 11 milliards d’euros pour la période 2021-2027. En termes de personnel, la force opérationnelle de Frontex est appelée à devenir une armée permanente de 10’000 gardes-frontières d’ici 2027. Depuis 2016, elle est devenue une sorte de super-organisation au budget croissant, davantage de personnel et ses propres armes. Les rapatriements font désormais également partie de ses tâches», précise encore le comité référendaire, qui critique cette agence, symbole de l’Europe forteresse.

Par son opposition, il veut aussi dénoncer les accointances et les connexions entre la Suisse et l’agence européenne. «La contribution suisse représente environ 5% du budget total de Frontex, ce qui signifie que la Suisse contribue notablement au régime isolationniste violent de l’UE. Membre de l’espace Schengen, la Suisse dispose d’une voix consultative, mais non délibérative en ce qui concerne la planification de nouvelles mesures. Elle profite largement de la violence du dispositif européen contre les migrations», précise encore le comité.

L’UDC divisée

Du côté de la droite nationaliste, le soutien à Frontex ne convainc pas tous les membres de l’UDC, relève le journal saint-galllois Tagblatt. Douze représentants de ce parti ont même rejeté le projet lors de la session d’automne. «Schengen-Dublin nous a coûté beaucoup plus d’argent que ce que le Conseil fédéral nous a dit. Les frontières, en revanche, sont devenues aussi trouées que l’emmental», critique Marcel Dettling, conseiller national schwytzois.

«Les chances de gagner ce référendum sont bonnes», estime Daniel Graf, fondateur de la plateforme WeCollect.ch, qui lutte pour la démocratie directe. Elle a aussi mis le référendum en ligne. «On pourrait en arriver à une alliance impie entre la gauche et la droite – comme pour la campagne sur l’identité numérique», souligne-t-il dans les colonnes du journal. n

Infos sur le référendum: www.migrant-solidarity-network.ch/fr/blog