La question kurde est une question d’égalité et de liberté

Courrier des lecteurs • Représentant suisse du Parti communiste de Turquie, Ali Uregen estime que les politiques nationalistes et ethniques font le jeu des classes des riches turcs et kurdes.

Le principal problème en Turquie est l’existence des patrons d’une part et des travailleurs d’autre part; la classe capitaliste d’un côté, les ouvriers de l’autre; les riches d’un côté et les pauvres de l’autre. C’est aussi la question principale du monde. Au cœur de toutes sortes de tyrannies, d’injustices, de coups d’Etat, de guerres, de corruption et de destruction de l’environnement, il y a le capital, qui ne voit rien d’autre que de faire plus de profits. La question kurde doit être analysée dans une perspective de classe.

L’affirmation selon laquelle les Kurdes exploiteurs et les Kurdes exploités ont un intérêt commun est aussi un grand mensonge. Ceux qui ont un intérêt commun sont les travailleurs, les chômeurs et les pauvres de tous les milieux. La question kurde est une question d’égalité. La question kurde est aussi une question de liberté. Il n’y a aucune légitimité à une conception qui ignore la langue, l’identité et même l’existence des Kurdes, ou leur impose leur disparition, leur dissolution et leur soumission à une autre identité. La thèse selon laquelle une nation, un peuple est supérieur à un autre et qu’il mérite certains privilèges, est un mensonge maintenu vivant pour tirer le rideau sur les inégalités dans le monde, pour faire que les pauvres se haïssent et même s’étranglent les uns les autres au profit des capitalistes.

Les dirigeants en Turquie ont besoin de l’existence des problèmes qui divisent la population afin que les travailleurs ne luttent pas ensemble. L’inimitié des opprimés les uns contre les autres pour la continuation de cet ordre a malheureusement toujours fonctionné jusqu’à présent. La discrimination qui se développe sur les langues, les identités et les biens des Kurdes non seulement divise les travailleurs et les ouvriers, mais garantit également que les Kurdes confrontés à l’oppression restent également une main-d’œuvre moins chère.

La ligne à tracer n’est pas entre les Turcs et les Kurdes mais entre les exploiteurs et les exploités. Le peuple peut s’unir sur cette base. L’ennemi commun est l’impérialisme, les monopoles internationaux, les monopoles «nationaux» et les patrons. Il n’y aura pas de question kurde dans la Turquie socialiste. Avec leurs énergies créatives, les Kurdes et les travailleurs de toutes origines différentes établiront ensemble un ordre social dans lequel personne n’exploite personne. n