Polémique dans la gauche française

Médias • Dans une France où la gauche est à la peine, une polémique étonnante s'envenime autour d’une intervention sur la nourriture du candidat communiste Fabien Roussel. (Par Paris Kyritsis)

Le 9 janvier dernier, Fabien Roussel, candidat du Parti communiste français à la présidentielle, défend en interview télévisée l’accès à une alimentation de qualité pour les classes populaires: «Un bon vin, une bonne viande, un bon fromage: c’est la gastronomie française. Le meilleur moyen de la défendre, c’est de permettre aux Français d’y avoir accès».

C’était sans savoir que cette sortie d’apparence banale susciterait une polémique qui durerait des jours, et les attaques non pas de la droite, mais de quasiment toute la gauche: non prise en compte de la prévention de l’alcoolisme, mépris des végétariens, tous les prétextes étaient bons pour attaquer le seul candidat non-parisien de la campagne présidentielle. La polémique est montée d’un cran lorsque l’extrême gauche identitaire, notamment à travers la voix du vidéaste connu Usul, l’a accusé de mobiliser des thèmes d’extrême-droite, de faire preuve de racisme, et de représenter le «suprémacisme blanc» en raison de la mention de ces produits traditionnels français. S’en sont suivies des accusations sur le prétendu racisme historique du PCF, parti qui a mené, plus que tout autre en France, le combat pour la décolonisation et la solidarité internationale.

Même discours du côté du porte-parole Jeunesse de la France Insoumise dans une interview au Media. L’analyse est claire, le fromage, la viande et le vin «sont des thèmes mobilisés par l’extrême-droite». Du côté du PCF, «on est sur le cul» comme le dit Fabien Roussel qui regrette que les auteurs de ces critiques «soient à mille lieues des problèmes des gens». Ian Brossat, son responsable de campagne ajoute lors d’un entretien au magazine Regards qu’«une partie de la gauche est devenue dingue, elle a déraillé». Il précise que «ce que dit Fabien Roussel, c’est ce que la gauche a toujours défendu.La question de l’alimentation et de la bonne bouffe ne doit pas être réservée à une infime minorité de privilégiés».

Parti seul à la présidentielle en considérant que la majeure partie de la gauche avait perdu le contact avec les classes populaires, le PCF a eu la confirmation de la justesse de son analyse lors de cette polémique surgie de nulle part.