Quand les femmes ont dit Basta

Egalité • Un livre retrace les premières luttes contre le harcèlement sexuel au travail à Genève. (Par Véronique Ducret, Paru dans Sit Info)

Ce livre retrace les luttes menées depuis la fin des années 80 sur le harcèlement sexuel au travail. Les deux autrices, qui ont fait partie de ces combats, décrivent les actions menées, les succès et les obstacles rencontrés. En 1988, Maria, une ouvrière d’une entreprise horlogère genevoise recevait sa lettre de licenciement suite au harcèlement sexuel de son chef. Maria a ouvert la voie aux combats sans répit pour visibiliser la problématique. Elle a en effet déposé plainte au Tribunal des Prud’hommes contre son employeur pour n’avoir pas protégé sa personnalité. Un comité de soutien s’est immédiatement constitué, composé d’associations féministes et de syndicats. Ce procès exemplaire a mis le doigt sur la responsabilité des personnes employeuses.

En effet, depuis l’entrée en vigueur en 1996 de la loi fédérale sur l’égalité entre femmes et hommes (Leg), les entreprises doivent prendre des mesures de prévention et faire cesser le harcèlement, le cas échéant.

Suite à cette affaire, un Comité contre le harcèlement sexuel (CCHS) s’est créé pour répondre aux différentes demandes. Parmi les situations suivies par le CCHS, l’une concernait l’Etat de Genève. Plusieurs femmes s’étaient plaintes des comportements totalement déplacés de leur supérieur. Une enquête administrative a été ouverte. Cette dernière a montré qu’elle n’était pas adaptée aux situations de harcèlement sexuel.

En effet, les victimes étaient considérées comme de simples témoins sans aucun droit (droit à un.e avocat.e, accès au dossier, droit de recours, etc.) comparable à ceux du fonctionnaire visé. Il aura fallu huit ans de luttes au CCHS pour que l’Etat accouche d’une procédure équitable. Ce livre reflète la ténacité du CCHS, qui peut être fier de ses batailles. Il a largement contribué aux avancées en matière de harcèlement sexuel au travail. Il reste encore beaucoup à faire et le plus difficile demeure la présomption de mensonge que doivent surmonter les victimes lorsqu’elles dénoncent les faits. Gageons que de jeunes femmes et allié.es poursuivront la lutte!

Anne-Marie Barone et Véronique Ducret, Quand les femmes ont dit BASTA. Premières luttes contre le harcèlement au travail à Genève, bsn PRESS, 2021