Fronde pour les enfants

Vaud • A Lausanne, le projet de créer un lieu d'accueil parascolaire dans le sous-sol d'un immeuble est contesté par les habitants et une association, qui demandent à la Ville de revoir sa copie.

Le projet parascolaire est contesté par l'association Montelly vit! (DR)

«Accueillir 72 enfants de l’école de Montoie et des Figuiers dans une sorte de cave et dans de telles conditions est indigne et ne répond pas aux besoins psychiques et physiques des écoliers. Les deux tiers de ce futur APEMS (Accueil pour enfants en milieu scolaire), situé dans un nouvel immeuble Hill Valley, se trouveront en sous-sol, privé de lumière de jour directe et le reste sera sur un rez-de-chaussée sans véritable place de jeux, ni espaces verts. On ne comprend pas pourquoi la Ville veut construire un lieu de vie pour les enfants dans un endroit, qui n’est même pas adapté pour recevoir des appartements ou des commerces. C’est un projet honteux», dénonce Raphaëlle Deshayes, membre du collectif Montelly vit!, une association de quartier citoyenne, active depuis 10 ans, qui organise de nombreux événements pour améliorer la qualité de vie du secteur Montelly, la Tour-Grise, Montoie et le Couchant à Lausanne.

Une rue à risque

Et ce n’est pas tout selon Raphaëlle Deshayes. «L’autre problème est que tous les jours les écoliers devront quitter les écoles de Montoie et Figuiers et longer une route privée – le chemin de la Colline – pour rejoindre ce nouveau lieu, alors que nous attirons l’attention de la Ville depuis des années sur les risques à la sécurité qu’engendre l’utilisation de cette rue, sans réduction de trafic et sans éclairage public, où transitent près de 900 voitures par jour. A ce jour, nous n’avons pu obtenir que l’aménagement d’un bout de trottoir sur ce chemin dangereux», précise encore notre interlocutrice. Elle relève aussi que les nouveaux lieux seront loués par la Ville de Lausanne à un propriétaire privé, alors que les structures parascolaires actuelles à Montoie appartiennent à la Ville.

Pour soutenir son opposition, l’association a lancé une pétition, qui a recueilli plus de 400 signatures. Celle -ci demande de renoncer au nouveau projet et la pérennisation, avec rénovation et extension, de l’APEMS sur le site scolaire de Montoie. L’association a aussi déposé un dossier d’opposition lors de la mise à l’enquête complémentaire en date du 29 novembre dernier. Elle prévoit aussi des flashmobs le 4 mars et 1er avril pour rallier de nouveau défenseurs de sa cause. Cette mobilisation citoyenne pourra-t-elle faire changer d’avis à la Municipalité?  La partie semble mal emmanchée, vu que la Ville de Lausanne prévoirait une inauguration du lieu contesté pour  la rentrée d’automne.

 

«Ce local est indispensable»

Magistrat en charge en charge de la Direction Enfance, jeunesse et quartiers (DEJQ), le popiste David Payot, est directement impliqué dans ce projet contesté et répond à nos questions.
Les opposants au nouveau lieu parascolaire, dénoncent un lieu inadéquat, fermé et sans verdure. Quel est votre point de vue sur la question?

David Payot Dire que l’APEMS est en sous-sol est largement incomplet: en fait, les surfaces du rez-de-chaussée permettent d’accueillir une cinquantaine d’enfants, soit les effectifs qu’il y a la plupart du temps. La location de surfaces au sous-sol permet de respecter les exigences légales d’avoir en tout temps 72 places. En effet, le recours aux APEMS varie beaucoup selon les jours (le mercredi et le vendredi étant moins demandés) et les moments de la journée (la pause de midi étant logiquement le moment le plus sollicité). En fait, les surfaces à disposition seront particulièrement généreuses, et permettront des usages variés par les enfants.

Par ailleurs, l’accueil parascolaire ne consiste pas à parquer des enfants dans des places: la volonté est d’offrir des activités libres et diversifiées, pour contrebalancer les temps scolaires plus contraignants. Le but est donc d’offrir des activités en extérieur près du collège, et en intérieur dans les locaux de l’APEMS, avec des activités plus calmes et d’autres plus actives – un mur de grimpe est imaginé, mais la programmation définitive sera décidée avec l’équipe et les enfants une fois que le projet se concrétisera.

N’existe-t-il pas un autre endroit plus adéquat pour construire cet APEMS?

Le collège de Montoie est touché par plusieurs enjeux: sur le plan scolaire, nous avons des effectifs scolaires en hausse et devons prévoir des classes supplémentaires. L’APEMS qui se trouvait dans le collège – et dont les locaux étaient peu fonctionnels de l’avis des professionnel.les et les familles – fera place à des classes. La paroisse catholique voisine, qui nous accueillait, a résilié son bail. Nous devons donc avoir des locaux à proposer pour garantir une place en parascolaire à chaque enfant qui en a besoin. Nous aurons donc de toute façon besoin de chercher des locaux supplémentaires, mais ceux du Ch.de la Colline sont indispensables.

Le collège de Montoie et le parc attenant sont protégés, et nous avons plusieurs raisons de vouloir le respecter. D’une part, nous avons aussi refusé des projets de promoteurs qui atteignaient des bâtiments protégés (parfois avec le soutien de Montelly Vit!), et nous devons nous appliquer les mêmes règles. D’autre part, il vaut probablement mieux avoir un espace vert généreux pour les élèves, plutôt que d’y installer un APEMS ou d’autres bâtiments scolaires.

Avez-vous parlé avec les opposants? Comment voyez-vous la suite du dossier?

Nous avons rencontré les habitant.es en juin, en novembre, en janvier, sans compter les échanges informels. Nous poursuivons le dialogue, même si nous estimons que nos préoccupations n’ont pas été entendues pour le moment. Nous allons bien sûr aussi poursuivre les échanges avec les parents, les enfants et les professionnel.les sur ce projet.