Le combat vital des salariés de l’ATS

Il faut le dire • Les salariés de l'ATS entament leur troisième jour de grève.

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Jeudi, les salariés de l’ATS en étaient à leur troisième jour d’une grève «illimitée» pour s’opposer à la suppression de 40 postes sur les 180 que compte leur rédaction. Une mobilisation rare dans le milieu journalistique. Une première grève d’avertissement avait déjà eu lieu la semaine dernière, laissant la direction de marbre.

Dans une résolution votée en Assemblée générale, les grévistes dénoncent l’inflexibilité de leur direction face à la plus grande partie de leurs revendications. Ils demandent notamment la suspension des licenciements, qui ont été signifiés sans attendre et touchent de plein fouet des employés proches de la retraite, et des négociations sur une réduction du plan de restructuration. La direction a aussi refusé jusqu’ici de fournir les documents nécessaires à la recherche de solutions alternatives, s’asseyant cavalièrement sur la Loi fédérale sur l’information et la consultation des travailleurs dans les entreprises.

Les salariés ont également rappelé la nécessité de préserver la mission de service public de l’ATS, qui fournit des informations fiables, vérifiées et variées à de nombreux journaux, à commencer par les petits éditeurs qui ne disposent pas de moyens suffisants pour employer des journalistes dans chaque domaine. Elle a du reste également pour cliente la Confédération.

Cette importance névralgique, centrale et capillaire n’a échappé à personne. Au point que les témoignages de solidarité vont s’amplifiant. A Genève, la Communauté d’action syndicale a salué «le savoir-faire et la qualité des dépêches qui contribuent à une information objective de la population du pays». Le Grand Conseil du même canton a approuvé une motion urgente demandant au Conseil d’Etat d’intervenir auprès de la direction de l’ATS, alors que Doris Leuthard s’est dite soucieuse de l’avenir de l’agence et d’un journalisme de qualité. De nombreuses rédactions ont aussi manifesté leur soutien.

Les seuls à ne pas sembler comprendre l’importance du travail de l’ATS sont APA, son futur nouvel actionnaire majoritaire, et Markus Schwab, le directeur de l’agence, obnubilés par l’idée de bénéfices. Tout comme du reste les autres actionnaires, soit les grands éditeurs (Tamedia NZZ, Médias Suisses et la SSR), qui ont réclamé et obtenu 10% de rabais sur l’abonnement en donnant l’impression, une fois de plus, de faire payer aux salariés la crise de la presse, sans aucune once d’autocritique.