«Résister c’est créer et transformer»

Altermondialisme • Pour son retour au Brésil après 9 ans d’absence, le Forum social mondial veut inventer de nouveaux modèles pour contrer le néolibéralisme et favoriser les luttes globales et locales.

Le 13 mars, une grande manifestation , qui a regroupé près de 20’000 personnes venues du monde entier, a signé l’ouverture du Forum social mondial (photo: Sergio Ferrari).

De Salvador de Bahia

Voir également notre article « Le Brésil dans l’incertitude« 

C’est dans une ambiance festive et colorée que s’est ouverte la 13ème édition du Forum Social Mondial (FSM), mardi 13 mars, par une grande manifestation dans les rues de Salvador de Bahia, marquant le retour du FSM au Brésil et pour la première fois dans le Nord-Est. Plus de 20’000 personnes réunies autour du slogan «Résister, c’est créer et transformer» y ont participé, principalement des Brésiliens, mais avec de nombreuses petites délégations de tout le continent, tout comme de plusieurs pays européens, du Nord de l’Afrique et même du Kurdistan syrien.

Dès le mercredi ce ne sont pas moins de 1’500 ateliers et rencontres qui ont commencé à poser les nouveaux défis de notre monde globalisé et mal en point. En effet, nous vivons un moment historique très différent de celui qui prévalait lors des premières éditions du FSM. Nous sommes face à un monde néolibéral encore plus décomplexé malgré les crises qu’il engendre et l’austérité qu’il impose aux populations, les rendant encore plus pauvres et plus fragiles, creusant un fossé entre les riches et les pauvres. C’est un monde où les gouvernements en place n’hésitent plus à privatiser l’énergie, les ressources naturelles et les services publics (même l’éducation et la santé). Les gauches européennes mais aussi latino-américaines, fragilisées par leurs propres contradictions et surtout évoluant dans un contexte géopolitique défavorable lorsqu’elles sont ou ont été au pouvoir, n’ont pas toujours su proposer des alternatives porteuses d’espoir et ont ensuite échoué dans les urnes. Elles ont été souvent remplacées par des mouvements populistes qui prônent la méfiance, le repli sur soi et l’individualisme.

Convergence des luttes
C’est dans ce contexte que le FSM 2018 va chercher à permettre à la société civile et aux mouvements sociaux de renforcer leur réseau, de manière à ce que les luttes locales s’enrichissent mutuellement et se potentialisent. Il se veut aussi un lieu ou l’on réfléchit à faire de la politique autrement, de manière à créer ensemble cet «autre monde possible» qui reste l’utopie sous-jacente, un autre monde qui se veut inclusif et solidaire.

Des thèmes très variés seront abordés: citons «la terre et la territorialité», la démocratie et l’économie (ou la démocratie économique), les droits humains, l’éducation (pour tous et avec de moyens renouvelés), le monde du travail en mutation, mais aussi les nouvelles technologies et les moyens de communication, les droits des minorités, sans oublier la préservation de la biodiversité et les luttes contre les grandes monocultures et la déforestation ou encore la défense des petits paysans. Le FSM abordera aussi la transition énergétique et la sortie du nucléaire. En plus des ateliers, il y a aura des réunions de «convergences» thématiques, d’où pourraient sortir des lignes directrices fortes pour organiser les luttes à venir.

Mais il faut rappeler que les FSM se veulent avant tout être un lieu d’échange, une plate-forme et peut-être même une caisse de résonance des alternatives possibles à la vague néolibérale destructrice. Ils peuvent aussi être l’occasion pour que chacun reparte renforcé dans sa détermination à lutter avec ses armes, en sachant que d’autres font de même ailleurs dans le même but: travailler à un monde porteur d’espoir, autre que celui qu’on nous «vend» tous les jours.